jeudi 25 septembre 2008

Récit d'un branleur, Samuel Benchetrit

Roman Stern ne fait pas grand chose dans sa petite vie : il rêve de pouvoir déguster enfin, tranquillement son onglet aux échalotes dans une brasserie. Mais c'est sans conter sur tous ces paumés qui viennent lui confier leurs malheurs. Alors, contre son gré, il les écoute. Trop lâche, pour les envoyer promener ? Roman est plutôt du genre à "laisser" les choses glisser. Son existence s'écoule doucement, sans chamboulement, sans vie sentimentale tout juste combler par sa branlette quotidienne. Qu'est-ce qui pourrait le réveiller serait-on tenter de se demander ? Et puis un jour, sa tante aussi alcoolique que riche part mourir dans un centre de désintox, lui laissant en garde son capricieux caniche Véra et une somme substantielle pour son entretien. Mais que faire de tout cet argent ? Stern n'est pas vraiment un gars dynamique qui s'élance dans les projets ; et pourtant tous ces pleureurs que ses oreilles attirent lui inspirent une idée de génie : il va exploiter ce handicap et devenir "écouteur professionnel". Il installe une jolie plaque dorée : "la société des plaintes" et le voilà partie pour un succès professionnel ! Mais que fait un branleur quand la réussite frappe à sa porte ?

Ce petit livre se lit presque d'une traite. D'un style simple, ce récit déroule une syntaxe et un vocabulaire qui colle à l'oral. Cette prose du quotidien épouse parfaitement les formes du roman et offre le charme du spontané. Le personnage de Roman Stern, bien qu'insupportable dans son inaction reflète parfaitement la fumisterie qui anime dans une moindre mesure chacun d'entre nous. Tout est exagéré mais que ce grotesque est jouissif ! Malgré la non existence de cet antihéros, la narration ne tombe jamais dans le dépressif larmoyant. On sourit, quelque fois jaune, mais toujours avec ce petit de coin de lèvre qui se retrousse pour souligner l'ironie. Récit d'un branleur est donc un petit récit charmant, une lecture dilettante pour sourire du quotidien.

Récit d'un branleur, Samuel Benchetrit, Pocket 2000

dimanche 21 septembre 2008

L'accident, Ismaël Kadaré

C’est en furetant dans une librairie, que j’ai découvert le dernier roman de l’albanais Kadaré. Par hasard. Sa sortie est peu médiatisée et ne remplit pas les pages des critiques. Si j’ai reconnu son nom, c’est grâce à la passion de ma sœur pour ses romans et les Balkans. Alors j’ai tourné le volume et lu le résumé :

« Il est question ici d’un accident dans l’acception littérale du mot : un taxi quitte la route et plonge dans un ravin, il y a deux tués, un homme et une femme, un couple d’amants à l’évidence ; quant au chauffeur survivant, il est bien incapable d’expliquer la cause de l’accident.

Il semble que cette cause ait un rapport avec ce qu’il a vu ou cru voir dans son rétroviseur. Mais il n’est pas en état de préciser ce qu’il a vu au juste, ni même de dire qui étaient les deux passagers, où ils se rendaient et pourquoi, tout, chez eux, paraissait si indéchiffrable.

Une histoire d’amour peut sembler la chose la plus banale qui soit au monde, mais peut aussi apparaître comme inextricable. Des millions d’individus ont beau en faire l’expérience chaque jour, rien ne permet d’en résoudre l’énigme. On finit par croire qu’en cela même réside son pouvoir. A l’immémoriale question "L’amour existe-t-il ou n’est-il qu’une illusion ? " fait à présent écho cette autre interrogation : "S’il existe, peut-il se raconter ?"

Dans cette œuvre magistrale, Ismail Kadaré a tenté de raconter l’irracontable : une histoire d’amour ou l’histoire d’un meurtre, voire une tout autre histoire les recouvrant toutes deux tel un masque ? Jusqu’à la fin, la question ne cesse d’obséder le lecteur. »

Le sujet m’a donc intriguée. C’est avec curiosité que j’ai entamé sa lecture, et je ne fus pas déçue. Le résumé de l’éditeur cerne bien l’intrigue mais ce qui fait la force de ce livre ce n’est pas seulement sa fable, c’est son mode de narration. Ce roman ouvre la parole à divers personnages sans jamais ménager de transitions au lecteur. L’incipit se présente comme une simple exposition d’un accident inexplicable, sans logique. Les enquêteurs s’interrogent sur son contexte. Mais rien ne semble vouloir rassurer la logique. Kadaré n’oublie pas de mêler à son roman les marques de son pays et les sulfureuses inquiétudes des Balkans. Au fur et à mesure des pages, il distille quelques anecdotes sur la poudrière de l’Europe. Petites anecdotes qui ont bien leur place dans l’histoire ; même si elles semblent se désolidariser de l’action, elles sont bien un fil ténu à l’ambiance qui se tisse tout le long de l’intrigue. Puis s’ouvre un récit polyphonique où chaque personnage s’empare peu à peu des mots. Le mystère s’épaissit pour le lecteur qui se faufile dans la conscience des héros. Les interrogations, l’inquiétude alternent avec l’impression de tenir la clé de ce drame. Ce mélange des voix nous laisse pénétrer l’intimité. Mais Kadaré sait suspendre cette intrusion pour nous laisser à temps sur notre faim.

L'accident, Ismaël Kadaré, Fayard 2008

dimanche 7 septembre 2008

A venir : s'essayer aux mangas avec Death Note

Pour cette rentrée, quoi de mieux que de nouvelles expériences de lecture ? Si la Bande Dessinée franco-belge fait déjà partie de mon quotidien, le manga est quant à lui rester bien mystérieux. A la recherche d'un cadeau pour ma petite soeur, j'ai exploré les rayons mangas, sans trop m'y retrouver dans tous ces titres. Mais après quelques tâtonnements et quelques conseils, j'ai fini par succombé à la curiosité. Et me voilà de retour avec les volumes de Death Note. Alors espérons que la découverte soit fructueuse !