lundi 21 juillet 2008

Le complot contre l'Amérique, Philip Roth

L’enfant Philip Roth a sept ans. Il vit entouré de ses parents, de son frère ainé et de son cousin à Newark, paisible quartier à majorité juive où chacun vit sa citoyenneté américaine avec bonheur. Nous sommes en 1940 et Roosevelt est président. Le meilleur homme du monde pour le père. La guerre gronde en Europe : l’Allemagne nazi d’Hitler a entamé sa terrible ascension. Et les échos qui proviennent du vieux continent ne rassurent pas : on massacre les juifs là-bas ! Que doivent faire les Etats-Unis ? S’engager aux côtés de l’Angleterre pour défendre les plus évidents principes d’humanité ? C’est à ce moment qu’entre en scène Lindberg. Briguant la présidence contre le trente deuxième président Roosevelt, il prononce un discours radiophonique qui va plonger les Etats-Unis dans l’obscurantisme.

Lindberg est le représentant de la politique républicaine isolationniste ; flattant la peur des américains, il s’engage à protéger l’Amérique d’un nouveau conflit. Arguant que cette guerre ne les concerne en rien, il accuse Roosevelt d’être un « va-t-en guerre » à la main d’un lobby juif. Héros de l’aviation, Lindbergh utilise cette renommé pour conquérir les électeurs et part à la chasse au vote à bord de son célèbre « Spirit of Saint Louis ». Contre toute attente, c’est un raz de marée électorale qui le conduit à la Maison Blanche.

La famille Roth veut encore croire en son pays. Et pour se rassurer, quel meilleur moyen qu’un voyage dans la capitale, Washington, pour redécouvrir tous les symboles de la démocratie américaine. Mais ce pèlerinage ne sera qu’une terrible déception : déjà les plus bas instincts de l’antisémitisme envahissent le pays. Face à cette dure réalité peu de voix s’élèvent et il faut attendre le dimanche soir pour entendre le sémillant Winchell attaquer ouvertement la politique de Lindberg, devenant ainsi le dernier rempart de la liberté de parole. Au fur et à mesure, des pages les personnages succombent à la paranoïa, à la peur et à la déception. Même si Lindberg et ses partisans se défendent vivement quant à leur antisémitisme, en engageant notamment un ponte des autorités juives, leurs actions portent de plus en plus préjudice à la communauté juive. Et la rencontre du président Lindberg avec Hitler marque un tournant majeur dans les relations internationales des Etats Unis, mais initie aussi un tournant pour la politique intérieure. Une forme d’apartheid commence alors sous couvert d’action d’intégration. La propagande et le populisme envahissent les médias et les Etats-Unis basculent vers un avenir obscur et incertain. Comment l’Amérique aurait-elle pu succomber à un tel fléau ?

Le complot contre l’Amérique, Philip Roth, Gallimard, folio 2007

Le jeu de Robin et Marion, Adam de la Halle (Adam le Bossu) ; Traduit en français moderne par Anette Brasseur-Péry

Avant de se lancer dans la lecture en ancien français de cette pastourelle, autant se familiariser avec cette petite pièce. C’est donc une traduction assez fidèle du divertissement que nous propose l’édition Champion. Effectivement à part la liste des personnages en début d’ouvrage, la pièce ne comporte aucune indication scénique, ni didascalie comme dans le texte original. De plus, de nombreux chants égaient les dialogues ; chants transcrits en italique et dont le traducteur tente de maintenir les effets stylistiques (ils sont indiqués en italique).

L’intrigue du Jeu de Robin et Marion reste très légère : Marion, jolie bergère, est amoureuse de Robin un beau garçon du village. Malgré les avances d’un chevalier, rencontré au détour d’un chemin, elle reste fidèle à son fiancé. A ce joyeux petit couple viennent se greffer de pittoresques personnages : l’amie de Marion, Péronnelle, ou de jeunes paysans camarades de Robin. Tout ce petit monde est à la fête, et les voilà dansant, chantant ou s’adonnant à des jeux. Cette petite pastourelle vaut surtout pour y déceler les goûts du public médiéval : on y retrouve des chansonnettes, des expressions, des surnoms mais aussi des danses et jeux.

Il ne reste plus maintenant qu’à se pencher sur les caractéristiques linguistiques de ce petit jeu.

Le Jeu de Robin et Marion, Adam de la Halle (Adam le Bossu), traduit en français moderne par Anette Brasseur-Péry, Honoré Champion n°9, 2008

dimanche 20 juillet 2008

Le programme d’agrégation 2009 Lettres Modernes

Pour les plus courageux quelques sujets littéraires à méditer !

Programme de Littérature française :

- Adam le Bossu (Adam de la Halle), Le Jeu de Robin et Marion, édition E. Langlois, Honoré Champion (CFMA), Paris ;

- Jean Bodel, Le Jeu de saint Nicolas, édition A. Henry, Droz, Genève (TLF).

- Théophile de Viau, Œuvres poétiques, édition G. Saba, Classiques Garnier, nouvelle édition, p. 1-369.

- Voltaire, Dictionnaire philosophique, edition R. Naves, Classiques Garnier, nouvelle edition.

- Victor Hugo, Hernani, Ruy Blas, Folio theatre.

- Bernanos, Sous le soleil de Satan, Pocket, n°4270.

Le programme de l’épreuve écrite d’étude grammaticale d’un texte français antérieur à 1500 ne comporte que :

- Adam le Bossu (Adam de la Halle), Le Jeu de Robin et Marion, édition E. Langlois, Honoré Champion (CFMA), Paris ;

- Jean Bodel, Le Jeu de saint Nicolas, édition A. Henry, Droz, Genève (TLF).

Le programme de l’épreuve écrite d’étude grammaticale d’un texte français postérieur a 1500 ne comporte que :

- Théophile de Viau, Œuvres poétiques, édition G. Saba, Classiques Garnier, nouvelle édition, p. 1-197

- Bonaventure des Periers, Nouvelles recréations et joyeux devis, édition K. Kasprzyk, STFM, 1980, p. 140-313.

- Voltaire, Dictionnaire philosophique, édition R. Naves, Classiques Garnier, nouvelle édition, De la lettre A (abbe) a la lettre C (critique).

- Victor Hugo, Hernani, Folio theatre.

- Bernanos, Sous le soleil de Satan, Pocket, n°4270, p. 111-283.

Programme de Littérature comparée et générale :

I - La Misanthropie au théâtre

- Ménandre, Le Bourru, traduction d’Alain Blanchard ; Le Livre de Poche, série Classiques de Poche, n° 14302 [p. 101-175].

- William Shakespeare: Timon d’Athènes, in Tragédies, volume 2 (Œuvres complètes, édition bilingue établie sous la direction de Michel Grivelet et Gilles Monsarrat) éd. Robert Laffont, collection Bouquins [p. 227-369].

- Molière, Le Misanthrope, Le Livre de Poche, série Théâtre de Poche, n° 6133.

- Hugo von Hofmannsthal, L’Homme difficile, traduit et présenté par Jean-Yves Masson, Verdier, collection Der Doppelganger.

II - Destinées féminines dans le contexte du naturalisme européen

Emile Zola, Nana [1879], Gallimard, Folio classique

Thomas Hardy, Tess d’Urberville [Tess od the d’Urberville’s, 1891], Le livre de poche, traduction de M. Rolland

Theodor Fontane, Effi Briest [1895], Robert Laffont, Bouquins, traduction de P. Villain

Pour le programme de l’épreuve écrite d’un texte antérieur à 1500, le CAPES de lettres modernes reprend les textes de l’agrégation externe. Même si l’agrégation externe apparaît comme un horizon très ambitieux, cette liste indique quelques sujets d’études et de réflexions intéressants. Loin de moins l’idée de tenter ce concours, mais gardons à l’esprit ces quelques ouvrages à connaître, du moins pour le CAPES ; mais aussi pour tout passionné de littérature !

mercredi 16 juillet 2008

Et si on profitait de l’été pour démonter l’éducation nationale

Depuis quelques mois, des projets de réformes fourmillent dans la chère petite tête de Mr Darcos pour blesser le « mammouth » sans l’affoler. Et ça a plutôt l’air de fonctionner. Qui aurait cru que l’éducation nationale, qui a été fatale à tant de ministres, sommeillerait tranquillement pendant qu’on lui lacère son flanc gauche ? Pour la session 2008, 11 200 suppressions de postes ont été programmés (à ajouter aux 5 500 suppressions de 2007). Et il ne faut pas se mentir, ces suppressions concernent bien les professeurs du secondaire et du primaire ; ce ne sont pas des postes administratifs. Depuis quelques années, on nous assomme de chiffres pour nous prouver que nos chers bambins ne savent plus écrire, ne lisent plus, bref que leur niveau baisse inexorablement. Et surprise on taille un quart de postes dans l’effectif du capes de Lettres Modernes (professeur de français) : il y a de ça cinq ans, on recrutait presque 1400 candidats, l’année dernière 980 et cette année 2008, on a pu constater seulement 750 postes ouverts. Et cette coupe drastique concerne aussi bien les mathématiques, l’anglais, l’histoire géographie, les matières scientifiques etc… L’argument de choc : il y a moins d’élèves ! Mais, si je ne m’abuse les effectifs sont en train d’augmenter chez les plus jeunes et pourtant on ne recrute pas plus de professeurs des écoles. Et ces enfants ne vont-ils pas rejoindre le collège dans quelques années ? Une politique censée ne devrait-elle pas prévoir les années futures ?

Ce qui me surprend le plus dans cette casse de l’éducation nationale, ce ne sont pas les paroles de Mr Darcos. Cet homme est sans surprise : partenaire de Nicolas Sarkozy, on ne pouvait pas attendre mieux de ses réformes. L’éducation nationale apparaît comme bien au-delà des capacités de réflexions de notre président ; et même si on mesure la qualité d’une démocratie à la qualité de ses écoles, de son système de santé ou de ces prisons par exemple, ce qui compte aujourd’hui dans notre belle France serait plutôt de savoir ce que pense Carla la belle de son cher époux. Et devinez quoi, il est formidable ! Heureusement, serais-je encline à lui répondre : elle vient juste de l’épouser, on n’en attendait pas mieux d’elle.

Non, ce qui me surprend, c’est le relatif calme dans les rangs de l’éducation nationale. Ce grand corps que personne n’a réussi à réformer est-il si malade ? Pourquoi ne pas répondre aux agressions d’une telle politique ? Même en tendant l’oreille, on entend à peine un soupir. Sont-ils résignés ? Pas sûr. Anxieusement, je les observe de la vie scolaire : je m’inquiète. Que pensent-ils vraiment ? Savent-ils ce qui risque de leur tomber sur le coin du nez ? Ont-ils même réalisé que les surveillants ne sont plus que des assistants d’éducation à plus de 35 heures (certains établissements programment des emplois du temps à 41 heures et je rassure certains : les assistants d’éducation sont quand même payés le SMIC, c'est-à-dire à peine plus de 1000 euros) sans possibilité d’exonération de service pour leurs examens ? Peut-on vraiment poursuivre des études dans ce nouveau système ?

Et nous voilà face à deux mois d’été. Plus personne dans les classes, plus personne pour lire ou entendre les réformes. Alors que se passe-t-il au ministère ? 13 500 postes supprimés à la prochaine session ! Et dans ses bagages une modification du système de recrutement des professeurs. Aujourd’hui, les concours enseignants sont ouverts à la licence. Pour les épreuves de 2010, on compte demander aux candidats un master pour composer (bac + 5). Deux ans d’études en plus, deux de galère en plus pour les étudiants précaires qui accumulent les petits jobs. Sachant que les réussites aux concours au premier essai ne sont pas toujours au rendez-vous, il faudra se résigner à passer encore quelques années de plus dans cette incertitude. Si le niveau de recrutement des professeurs est en cause doit-on vraiment augmenter encore le nombre d’études ? Ne faudrait-il pas plutôt revaloriser les licences et leur redonner leur véritable valeur avant d’encombrer les cursus de master ? Dans ce nouveau concours, il est prévu des stages non rémunérés avant les résultats définitifs, mais comment faire quand l’on travaille pour payer sa formation ? N’est-ce pas un moyen de palier aux remplacements des professeurs à moindre coups ? Certains me reprocheront mon pessimisme mais faut-il vraiment attendre pour exiger des réponses de la part du ministère quant au statut des concours de recrutements ! Si je ne m’abuse leur argument pour défendre cette transformation est la revalorisation du statut et des salaires. Mais sans trop me tromper, je peux déjà avancer que le capes est reconnu comme un bac +4 sans que la rémunération soit pour autant revaloriser ! Alors arrêtons les faux semblants !

J’espère de tout cœur, que tous resterons vigilants pendant la période estivale et que l’éducation nationale se réveillera à la rentrée. Les parents d’élèves auront aussi leur rôle à jouer dans ce combat : si le statut des professeurs est en danger, celui de leurs enfants aussi ! Les programmes scolaires connaissent de multiples arrangements qui marquent un retour en arrière, le baccalauréat attend sa révision et surtout l’égalité des chances est mise à mal par un démantèlement des collèges et lycées mais aussi par la disparition, sur tout le territoire, d’écoles de proximité. La notion de rentabilité ne doit surtout pas s’appliquer à l’école de la République, comme veut nous le faire croire les dirigeants UMP. Notre objectif doit être celui d’offrir à chacun et à tous une formation de qualité qui lui ouvre ensuite les portes de la réussite !

vendredi 11 juillet 2008

L'herbe rouge de Boris Vian

Guidée par un besoin de fantaisie et le souvenir de l’Ecume des jours, je me dirige vers cette pétillante couverture verte : L’herbe rouge (je suis d’ailleurs surprise du choix de la couleur : verte comme l’herbe ! Mais l’herbe n’est-elle pas rouge ?). Le synopsis promet quelque peu le sourire : « absurde » ; « un savant qui a inventé une machine » (une machine improbable), « humour noir » ; « invention burlesque » ; cependant la mise en scène promet réflexion et retour sur soi puisque cette fameuse invention permet au protagoniste de revivre son passé mais aussi ces angoisses. Sans entrer dans l’étude stylistique de la langue de Boris Vian, sa lecture s’anime au gré des néologismes, des jeux de mots et de phonétiques : c’est donc, dans mon souvenir, une écriture vivante et les mots sont déjà romanesques. C’est donc plein d’attente que j’entame ce petit roman.

Pleine de bonne volonté, je retrouve dès les premières lignes, cet univers si particulier à Vian. Que dire sur ce monde fantaisiste ? Son charme réside dans les improbables associations de mots, de personnes, de choses, que Boris utilise dans ses descriptions et récits. Il en va ainsi d’une herbe rouge ! Les mots à eux seuls sont sources d’imagination. Comment citer le texte sans dénaturer l’onirisme lexical ? Un extrait suffit-il à rendre compte de cet émerveillement : « Le ciel, assez bas, luisait sans bruit. Pour le moment, on pouvait le toucher du doigt en montant sur une chaise ; mais il suffisait d’une risée, d’une saute de vent, pour qu’il se rétracte et s’élève à l’infini… » ? Jouer avec les sonorités et les évocations des mots suffit à rendre tout le sens à ces élucubrations verbales : « touchotter », « bigeotter » ou « lichotter ». La langue devient donc chez Boris Vian un univers à part entière, dont la vie se renouvelle à travers de multiples inventions lexicales.

Au-delà de cette effervescence du style, il a bien fallu se plonger dans le récit. Si on s’attend à une petite histoire sympathique, on va vite déchanter. Effectivement au-delà de l’aspect ludique de l’écriture, l’action apparaît quelque peu angoissante. Difficile à exprimer, mais dès l’incipit on ressent un malaise face à cette invention et aux personnages. Si l’on se plonge dans les champs lexicaux avec quelque attention, on retrouve effectivement l’aspect inquiétant du récit : « bordée d’ortie bifide » ; « La machine, à cent pas, charcutait le ciel de sa structure d’acier gris, le cernait de triangles inhumains » ; ou encore le personnage Saphir Lazuli comparé à un «gros hanneton cachou ». L’action du roman se concentre autour de deux couples : Wolf, l’inventeur de la machine et sa femme Lil ; Saphir Lazuli et sa compagne Folavril ; et d’un animal domestique le sénateur Dupont et son ouapiti. Dès l’annonce des patronymes, on relève la polysémie inhérente au récit. Les deux protagonistes masculins sont soumis à une angoisse allant crescendo : son invention exerce sur Wolf une fascination malsaine et Saphir est poursuivi par un double noir qui n’est pas sans rappeler celui d’Alfred de Musset (Nuit de Décembre). Face à ces deux hommes inquiets et au comportement destructeur leurs deux compagnes apaisent le récit mais sans résoudre l’angoisse de cet univers. Roman truffé de multiples références culturelles, L’herbe rouge se dévoile par intermittence et par un jeu de piste polysémique.

L’herbe rouge, Boris Vian, Le Livre de Poche 2007

mercredi 9 juillet 2008

"La Foire aux cochons, I, L’art d’accommoder les restes", PTILUC

Tout commence par la quatrième de couverture : « Napoléon, Landru, Lénine, Hitler, Victor Hugo… Tous des porcs ! ». Mais que fait Victor Hugo parmi ces dictateurs et assassins ? Le monument de la littérature française affublé d’un costume de porc ! Il n’y pas d’erreur possible : le voilà sur une photo de classe accompagné des plus illustres coquins et bourreaux… Des porcs assez bien croqués pour reconnaître en eux nos plus beaux salauds de l’histoire.

Cette question, notre pauvre Victor Hugo cela pose aussi. Mais pourquoi, lui ? Lui qui repose au Panthéon ? Le voici à discutailler avec ce corse, celui qui a voulu soumettre toute l’Europe et distribuer les bons points à sa famille. Et, pourquoi pas Emile ? Et si Victor Hugo était là « à cause de quelques boudins engrossés » ? Quel triste purgatoire pour un tel génie ! Son compagnon de porc, Napoléon, quant à lui traîne ses savates dans cette ferme depuis un bail… Et malgré de multiples efforts de rédemption rien y fait : il se réincarne inlassablement en cochon pour assister passivement mais non sans trait d’esprit aux grands événements du XXème siècle. Rejoins peu à peu par tous les généraux, rois, empereurs ou dictateurs et même bouchers de ce siècle, Napoléon cherche à décoder ces non sens de l’histoire. On traverse ainsi les deux grandes guerres, le krach de 1929, la révolution russe et toujours cette technologie qui transforme tout sur son passage. Et pendant ce temps là, deux vaches philosophent devant un train…

Avec humour, Ptiluc nous brosse un portrait sans concession de ces porcs historiques. Sans tomber dans le piège de l’acharnement et de la dénonciation facile, il est jouissif de voir ces personnages se confronter à leur nouvelle condition. Et on assiste à des conversations surréalistes entre les Habsbourg, Staline, Hitler, Napoléon, les généraux français, la bande à Bonnot ou Landru et bien d’autres : ces différentes scènes nous livrent un monde à la fois sombre et pessimiste mais toujours avec cet humour qui rend l’absurde si drôle ! Et surtout l’Histoire ne s’arrête pas au simple constat : elle pose question même aux porcs. Regardez cette mare aux cochons qui se transforme en « Pig Corporation », sans un brin d’herbe, juste de la farine animale où Napoléon reconnaît Victor Hugo !

Le plus surprenant, c’est qu’on finit par s’attacher à ce Napoléon repenti, mais si vite rattrapé par ses vieux démons orgueilleux et guerriers !

La foire aux cochons, I, L'art d'accommoder les restes, Ptiluc, L'Echo des Savanes

lundi 7 juillet 2008

Ma madeleine de Proust : "Le pain doux bigouden"

A chaque enfant, son petit trésor. Le comparer à la madeleine de Proust peut paraître prétentieux ; mais qui mieux que Marcel pour décrire cette délicieuse plénitude d'une bouchée de souvenirs ! Alors le Pain Doux, c'est l'histoire d'une longue quête maternelle pour retrouver cette recette. Et, puis les promenades estivales à la Boulangerie Rannou, héritière de cette saveur... Et les multiples échecs pour retrouver son secret de fabrication. Et c'est non sans fierté après des années de recherche, j'ai pu confier à ma mère, ma précieuse découverte. La voici en quelques lignes :

Pour 2 pains doux de 500 gr ou 4 de 250 gr

- 170 g de beurre - 140 g de sucre - 700 g de farine (au moins) - 14 g de levure fraîche de boulanger - 2 œufs entiers - 1 sachet de sucre vanillé - ½ pincée de gros sel

Après de multiples tâtonnements, j'ai pu approcher la merveille :

Mettre la farine dans un grand récipient. (Il ne faudra pas hésiter à en rajouter si la consistance à la fin ne convient pas).

Ajouter le sel, le sucre vanillé.

Faire fondre la levure dans 10 cl d‘eau tiède (attention l’eau trop chaude annule les effets de la levure ! Donc trouver la bonne température reste assez ubuesque). Puis l’ajouter à la préparation.

Ajouter les œufs battus, le beurre que l‘on aura fait fondre mais tiède (encore une fois tiède et non chaud pour ne pas annuler l’effet de la levure).

Remuer la pâte au fur et mesure, ajouter le sucre encore tiède que l‘on aura fait fondre avec la quantité de 20 cl d‘eau.

Bien travailler la pâte (cette étape peut apparaître longue et pénible mais elle est indispensable !) et la laisser reposer dans un endroit chaud pendant 4 à 5 heures en recouvrant le plat d’un torchon humide (autrefois, on plaçait la pâte sous l’édredon).

Séparer la pâte en 2 et façonner 2 boules, les mettre sur une plaque. Passer un peu de lait au pinceau sur le dessus pour la coloration. Mettre au four à 200° pendant 10mn puis 150° pendant 30 mn. Pour vérifier la cuisson piquer avec un couteau, la lame doit ressortir sèche.

Mmmmmh.....

Un petit air de vacances...

Après une année de labeur, les plages s'offrent aux estivants. "Une petite pause bien méritée", dirait-on. C'est aussi le moment de se lancer dans de nouveaux projets. Et si la déception est pour le moment de mise (Eh oui ! Le professorat ce n'est pas encore pour moi), je profite de ce répit pour me lancer dans l'aventure du blog. Sans grandes illusions, puisque la toile voit chaque jour cette famille s'agrandir. Chacun pose sa petite voix dans cette immense marée de chuchotements et de cris. En parcourant, les annuaires j'ai pu y découvrir des blogs de toute sorte : point n'est besoin de parler de sa trépidante petite vie pour impressionner le lecteur ! J'ai découvert de nouvelles saveurs, des coups de coeur ou même des coups de gueule et si tout n'a pas fini dans mon assiette, ma bibliothèque en a quelque fois pris acte. Je vais donc profiter de cette nouvelle année de préparation du capes pour me cultiver ; et le blog sera un moyen comme un autre de partager et communiquer ce goût des lettres. Mais pas seulement : un bon lecteur reste attentif au monde qui l'entoure. Je vais donc ouvrir tout grand mes oreilles aux bruits qui agitent la rue... Et mes papilles !