mercredi 16 juillet 2008

Et si on profitait de l’été pour démonter l’éducation nationale

Depuis quelques mois, des projets de réformes fourmillent dans la chère petite tête de Mr Darcos pour blesser le « mammouth » sans l’affoler. Et ça a plutôt l’air de fonctionner. Qui aurait cru que l’éducation nationale, qui a été fatale à tant de ministres, sommeillerait tranquillement pendant qu’on lui lacère son flanc gauche ? Pour la session 2008, 11 200 suppressions de postes ont été programmés (à ajouter aux 5 500 suppressions de 2007). Et il ne faut pas se mentir, ces suppressions concernent bien les professeurs du secondaire et du primaire ; ce ne sont pas des postes administratifs. Depuis quelques années, on nous assomme de chiffres pour nous prouver que nos chers bambins ne savent plus écrire, ne lisent plus, bref que leur niveau baisse inexorablement. Et surprise on taille un quart de postes dans l’effectif du capes de Lettres Modernes (professeur de français) : il y a de ça cinq ans, on recrutait presque 1400 candidats, l’année dernière 980 et cette année 2008, on a pu constater seulement 750 postes ouverts. Et cette coupe drastique concerne aussi bien les mathématiques, l’anglais, l’histoire géographie, les matières scientifiques etc… L’argument de choc : il y a moins d’élèves ! Mais, si je ne m’abuse les effectifs sont en train d’augmenter chez les plus jeunes et pourtant on ne recrute pas plus de professeurs des écoles. Et ces enfants ne vont-ils pas rejoindre le collège dans quelques années ? Une politique censée ne devrait-elle pas prévoir les années futures ?

Ce qui me surprend le plus dans cette casse de l’éducation nationale, ce ne sont pas les paroles de Mr Darcos. Cet homme est sans surprise : partenaire de Nicolas Sarkozy, on ne pouvait pas attendre mieux de ses réformes. L’éducation nationale apparaît comme bien au-delà des capacités de réflexions de notre président ; et même si on mesure la qualité d’une démocratie à la qualité de ses écoles, de son système de santé ou de ces prisons par exemple, ce qui compte aujourd’hui dans notre belle France serait plutôt de savoir ce que pense Carla la belle de son cher époux. Et devinez quoi, il est formidable ! Heureusement, serais-je encline à lui répondre : elle vient juste de l’épouser, on n’en attendait pas mieux d’elle.

Non, ce qui me surprend, c’est le relatif calme dans les rangs de l’éducation nationale. Ce grand corps que personne n’a réussi à réformer est-il si malade ? Pourquoi ne pas répondre aux agressions d’une telle politique ? Même en tendant l’oreille, on entend à peine un soupir. Sont-ils résignés ? Pas sûr. Anxieusement, je les observe de la vie scolaire : je m’inquiète. Que pensent-ils vraiment ? Savent-ils ce qui risque de leur tomber sur le coin du nez ? Ont-ils même réalisé que les surveillants ne sont plus que des assistants d’éducation à plus de 35 heures (certains établissements programment des emplois du temps à 41 heures et je rassure certains : les assistants d’éducation sont quand même payés le SMIC, c'est-à-dire à peine plus de 1000 euros) sans possibilité d’exonération de service pour leurs examens ? Peut-on vraiment poursuivre des études dans ce nouveau système ?

Et nous voilà face à deux mois d’été. Plus personne dans les classes, plus personne pour lire ou entendre les réformes. Alors que se passe-t-il au ministère ? 13 500 postes supprimés à la prochaine session ! Et dans ses bagages une modification du système de recrutement des professeurs. Aujourd’hui, les concours enseignants sont ouverts à la licence. Pour les épreuves de 2010, on compte demander aux candidats un master pour composer (bac + 5). Deux ans d’études en plus, deux de galère en plus pour les étudiants précaires qui accumulent les petits jobs. Sachant que les réussites aux concours au premier essai ne sont pas toujours au rendez-vous, il faudra se résigner à passer encore quelques années de plus dans cette incertitude. Si le niveau de recrutement des professeurs est en cause doit-on vraiment augmenter encore le nombre d’études ? Ne faudrait-il pas plutôt revaloriser les licences et leur redonner leur véritable valeur avant d’encombrer les cursus de master ? Dans ce nouveau concours, il est prévu des stages non rémunérés avant les résultats définitifs, mais comment faire quand l’on travaille pour payer sa formation ? N’est-ce pas un moyen de palier aux remplacements des professeurs à moindre coups ? Certains me reprocheront mon pessimisme mais faut-il vraiment attendre pour exiger des réponses de la part du ministère quant au statut des concours de recrutements ! Si je ne m’abuse leur argument pour défendre cette transformation est la revalorisation du statut et des salaires. Mais sans trop me tromper, je peux déjà avancer que le capes est reconnu comme un bac +4 sans que la rémunération soit pour autant revaloriser ! Alors arrêtons les faux semblants !

J’espère de tout cœur, que tous resterons vigilants pendant la période estivale et que l’éducation nationale se réveillera à la rentrée. Les parents d’élèves auront aussi leur rôle à jouer dans ce combat : si le statut des professeurs est en danger, celui de leurs enfants aussi ! Les programmes scolaires connaissent de multiples arrangements qui marquent un retour en arrière, le baccalauréat attend sa révision et surtout l’égalité des chances est mise à mal par un démantèlement des collèges et lycées mais aussi par la disparition, sur tout le territoire, d’écoles de proximité. La notion de rentabilité ne doit surtout pas s’appliquer à l’école de la République, comme veut nous le faire croire les dirigeants UMP. Notre objectif doit être celui d’offrir à chacun et à tous une formation de qualité qui lui ouvre ensuite les portes de la réussite !

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